mercredi 7 décembre 2011

Le poids du papillon d'Erri de Luca. par Alain Nègre-Combes

Un nouveau lecteur s'est proposé de nous faire parvenir une critique littéraire, et c'est avec joie que je vous la retranscris aujourd'hui. C'est aussi un honneur (n'ayons pas peur des grands mots) que d'accueillir sur notre blog Alain Nègre-Combes, pilier de la tradition italophone à Cassis, et à qui je dois beaucoup personnellement. En parlant  d'Italien, le coup de cœur de notre lecteur se porte sur le dernier ouvrage traduit d'Erri de Luca, "Le poids du papillon".

"Le poids du papillon" est un texte court, format nouvelle, d'une cinquantaine de pages. C'est un conte intemporel donc à portée universelle (il n'y a pas de repère temporel ou spatial) sur le sens de la vie et de la mort, sur la vieillesse. 
C'est une belle histoire à la structure simple et plutôt classique : deux personnages, le roi des chasseurs et le roi des chamois, des "personnalités" hors du commun qui vont se poursuivre, s'épier, s'éviter jusqu'à la rencontre finale qui ne pourra se solder que par un match nul. 
C'est un conte tragique : on sait depuis le début grâce aux indices que donne De Luca tout au long du récit que cette histoire finira mal. Une sorte de "fatum" pèse sur le récit et les personnages : le chasseur est vieux et la marche dans la montagne comme la chasse le fatiguent; le roi des chamois est vieux lui aussi et sait que la fin de sa domination sur le troupeau est proche. Leur histoire commune ne peut se terminer que dans le sang et la mort. 
L'écriture est typique de De Luca (on pense à "Monteddidio") : à la fois réflexive et lyrique, toujours métaphorique (on pense à la transposition de "l'effet papillon") dans un style qui va à l'essentiel (d'où la brièveté de l’œuvre); pas de digressions, pas de longs commentaires, pas de longues descriptions, comme s'il voulait capter et transmettre au lecteur l'essence du sens, de la vie et la mort.
"Le poids du papillon" est très représentatif de la personnalité et de l’œuvre de De Luca : on y retrouve sa passion pour la littérature, son amour nécessaire de la montagne, de l'escalade, de la nature, ses interrogations sur le sens de la vie et de certains gestes et comportements.

jeudi 1 décembre 2011

Liste des prix littéraires 2011

Je mentionnais il y a peu notre intérêt mitigé pour les derniers ouvrages primés. Toutefois, et ce pour aider le lecteur perdu dans cette marée grandissante des prix littéraires, nous nous sommes pliés à l'exercice d'en faire un petit récapitulatif (en gras le nom de l'auteur, et en italique, le nom de l'éditeur). En espérant que cela vous aide !

·        Prix Nobel de Littérature : Tomas Tranströmer (Suède)
·        Prix Goncourt : Alexis Jenni L’art français de la guerre Gallimard
·        Prix Goncourt de la Nouvelle : Bernard Comment Tout passe Christian Bourgeois
·        Prix Goncourt de la Biographie : Maurizio Serra Malparte, vies et légendes Grasset
·        Prix Goncourt des Lycéens : Carole Martinez Du domaine des murmures Gallimard
·        Prix Goncourt du premier roman : Michel Rostain Le fils Oh !
·        Prix Renaudot : Emmanuel Carrère Limonov POL
·        Prix Renaudot Essai : Gérard Guégan Fontenoy ne reviendra plus Stock
·        Prix Renaudot des Lycéens : Delphine de Vigan Rien ne s’oppose à la nuit JC Lattès
·        Prix Médicis : Mathieu Lindon Ce qu’aimer veut dire POL
·        Prix Médicis Etranger : David Grossman Une femme fuyant l’annonce Seuil
·        Prix Médicis Essai : Sylvain Tesson dans les forêts de Sibérie Gallimard
·        Prix Femina : Simon Liberati Jayne Mansfield 1967 Grasset
·        Prix Femina Etranger : Francisco Goldman Dire son nom Christian Bourgeois
·        Prix Femina Essai : Laure Murat L’homme qui se prenait pour Napoléon : pour une histoire politique de la folie Gallimard
·        Prix France Télévisions : Delphine de Vigan Rien ne s’oppose à la nuit JC Lattès
·        Prix de Flore : Marien Defalvard Du temps qu’on existait Grasset
·        Prix Décembre : Jean-Christophe Bailly Le dépaysement : voyages en France Seuil et Olivier Frébourg Gaston et Gustave Mercure de France
·        Grand Prix du Roman de l’Académie Française : Sorj Chalandon Retour à Killybegs Grasset
·        Prix du Premier roman en ligne : Emmanuelle Nuncq Porcelaines Le Manuscrit
·        Prix du Premier roman étranger : Téa Obreht La femme du tigre : roman Calmann-Lévy et Nic Pizzolatto Galveston Belfond

mercredi 30 novembre 2011

Coups de coeur de novembre

Le mois de novembre s'achève, les travaux dans la rue presque... mais Préambule reste active et vous présente aujourd'hui ses coups de cœur du mois de novembre. Ils sont peut-être moins nombreux que ceux des mois précédents, mais ceci s'explique par le fait que nous avons plus chroniqué en novembre qu'en octobre et septembre. Ainsi je vous conseille de faire un tour sur la page des "coups de coeur" de notre site (si ce n'est pas fait) pour y lire nos compte-rendus élogieux de TOL (Murat Uyurkulak), Monsier Walser et la forêt (Gonçalo M. Tavares), Drood (Dan Simmons) et Dans le tourbillon (Jose Antonio Labordeta). Pas de coup de gueule pour ce mois-ci en revanche. Et oui, aucune de nos lectures ne fut si mauvaise au point de déclencher chez nous un élan rageur d'annihilation jubilatoire. Vous constaterez également que nous avons fait que peu de cas des derniers prix littéraires. Loin de nous l'idée d'adopter la posture du libraire à contre-courant des célébrations parisiennes et médiatiques, mais il faut bien avouer que la grande majorité des romans primés se situent dans cette catégorie de l'entre-deux, ni mauvais, mais certainement pas très bon. Nous les avons (presque) tous lus, mais aucun ne méritait (à part Limonov de Carrère) un traitement honorifique particulier. Nous y reviendrons probablement le mois prochain dans un billet que nous consacrerons à cette période agitée des fêtes de fin d'année. 
Donc sans plus attendre, voici la sélection de novembre. En attendant, très bonne lecture et à très bientôt à Préambule (courage, la rue est quasiment praticable). 

Littérature

Poches

Beaux Livres

Comics/Bd



Jeunesse


mardi 29 novembre 2011

Entretien avec Watchtower Comics : le mainstream. Partie 2



Tout de suite, la deuxième partie de notre entretien avec Watchtower Comics


Préambule : Regardons du côté du challenger n°1 : DC Comics. La « Distinguée Concurrence » oppose à Marvel les deux plus grandes icônes du comics avec Batman et Superman, qu’elle est la patte DC ?

Mdata : Alors en fait historiquement c’est DC qui a commencé à faire du super héros avant Marvel...  A part ça l’approche de DC a été sensiblement différente. Le super héros est à la base plus respecté que dans l’univers Marvel (ce qui a donné un passage amusant dans JLA/Avengers), et surtout il y a une notion d’héritage qui constitue le socle de l’identité de l’univers DC. Chez cet éditeur en effet, ce n’est pas la personne derrière le masque qui compte le plus, mais le super héros. Chez DC, on a quand même vu se succéder durablement plusieurs titulaires pour le rôle de Flash ou Green Lantern par exemple, ce qui est impensable chez Marvel, du moins sur le long terme. Le multivers a aussi été géré dans la douleur, les multiples crises ayant plus ou moins remis d’aplomb les différentes versions des personnages DC. Mais en dehors de ça, ça reste du super héros !

P : Malgré sa réputation, DC me semble moins accessible dans l’intégralité de son catalogue que ne l’est Marvel, comment expliquer cet écart de traitement ?

M : Il est vrai que la continuité DC semble plutôt complexe. Cela est dû notamment aux crises, qui font que suivant la date de sortie d’une histoire son contexte peut être caduc. Par exemple, lors du relaunch de Superman par John Byrne, ce dernier avait effacé la période Superboy du héros. Donc un lecteur qui a dans les mains un vieux Superboy et le Superman de Byrne qui affirme que cette période n’a jamais existé peut se retrouver embarrassé. En tant que lecteurs Français, l’univers DC nous apparaît aussi plus complexe car nous n’avons pas eu une publication en continu de l’éditeur en France aussi soutenue que celle de Marvel, ce qui ne facilite pas les choses pour s’en imprégner (et le fait d’avoir parfois des histoires qui font massivement référence à des contenus inédits en VF complique le tout).

P : Même problème que pour Marvel, quelle serait la meilleure manière d’aborder l’univers DC en tant que profane ? J’aurais tendance avec ma grande expérience de 4 mois de lecture à voir que les events y sont plus importants que chez Marvel qui est plus centré sur les temps de statu quo…

M : C’est une question difficile, n’ayant que quelques années de recul sur DC (j’ai recommencé sérieusement l’univers DC avec Trinity et Final Crisis) je dirais que justement la chose à ne pas faire c’est de commencer par une crise ! Je pense que la démarche est un peu la même, se jeter à l’eau (si possible pas en plein crossover), en essayant de comprendre et en se documentant si besoin. Il est vrai que les events semblent plus importants, car ils sont sources de changements durables de l’univers, plutôt que d’être annulés au prochain.

P : 2012 sera une année spéciale avec la reprise des droits DC par Urban Comics en lieu et place de Panini. Est-ce que c’est une aubaine pour se lancer dans DC ? Que faut-il attendre du relaunch (redémarrage) de toutes les séries DC, est-ce un bon timing pour le nouveau lectorat ?

M : Je pense que c’est un bon point de départ, car Urban Comics a annoncé un projet cohérent et structuré pour permettre au lecteur de s’y retrouver (et surtout va proposer de l’éditorial). A mon avis, le lecteur qui hésite encore un peu va pouvoir mettre un doigt de pied dans l’eau du grand bain (j’aime bien cette métaphore !) avec les albums qui vont paraître en 2012, voire même attendre le relaunch qui pour le coup sera un bon point d’entrée.

P : Des auteurs prestigieux ont officié également chez DC, quels albums faudrait-il absolument posséder dans sa bibliothèque ?

M : Je pense que des albums tels que Dark Knight, Year one, Killing Joke, Long Halloween, Arkham Asylum, All Star Superman, Kingdom Come ou Green Lantern/Green Arrow (O’Neil/Adams) méritent de figurer dans la bibliothèque des lecteurs de DC. Ou même pour les lecteurs qui débutent le Hush de Jeph Loeb est plutôt sympa car via sa tonne de guests il introduit bien le Bat-Universe, et DC Legacies offre un survol bien fichu de l’histoire de DC. Sinon pour les amateurs de crises et de grosses bastons cosmiques il y a Crisis on Infinite Earths. Mais c’est comme pour Marvel, tout ceci est forcément subjectif et difficilement exhaustif.

P : Un petit mot sur la trajectoire d’Image Comics : comment avais-tu vécu l’arrivée de Spawn ?

M : En fait je l’ai vécue d’assez loin, car j’étais assez éloigné du monde des comics à l’époque (j’ai toutefois vu le film, que j’ai trouvé sympa mais sans plus). J’ai lu quelques épisodes plus tard, mais j’avoue que je n’accroche pas des masses.

P : Avec des séries comme Darkness et Spawn, est-ce qu’on glisse ici vers un lectorat beaucoup plus mature ?

M : Je ne pense pas, car le “style image” (femmes peu vêtues et hommes aux gros biscotos) s’adresse quand même pas mal aux adolescents. Il y a certes une violence plus “graphique”, mais je ne suis pas convaincu de la maturité de ces séries (d’ailleurs j’aime beaucoup Darkness).

P : Tu reviens régulièrement sur Watchtower sur les multiples adaptations de comics au cinéma. Sachant que ces films sont rarement faits pour la « communauté comics », qu’est-ce qui fait que l’adaptation est réussie ? Quels sont tes films préférés ?

M : La réussite d’une adaptation est à mon avis une notion très subjective, dépendant énormément des attentes de chacun et de ce qu’il est prêt à tolérer pour voir une histoire portée à l’écran. Je dirais que du moment que l’esprit du comic book est respecté et que les adaptations du matériel original vont dans ce sens, l’adaptation est réussie, sous réserve aussi que le film soit bon. Par exemple X-Men - Le commencement piétine complètement la continuité des X-Men, tout en étant très fidèle au concept et aux thèmes qui font la force de l’univers mutant sur papier. Par contre ce qui me désole, c’est qu’au cinéma tout est fait pour rentabiliser au maximum les têtes d’affiche, donc le moindre prétexte est bon pour que le héros tombe le masque. Je suis issu d’une génération où il était encore tabou que l’identité secrète d’un super héros soit dévoilée, donc j’avoue que c’est un aspect qui me rebute un peu dans les films...En ce qui me concerne, mon film de super-héros préféré reste le Superman de Richard Donner, mais de façon plus contemporaine j’aime beaucoup Spiderman 2, X-Men (tous sauf le 3 que j’aime moins), Iron Man (surtout le premier), Thor et Captain America. Chez DC, je sais que je vais faire grincer des dents mais j’aime bien la vision que Christopher Nolan a de Batman. Et sinon j’ai beaucoup aimé l’adaptation de Kick-Ass, largement supérieure au comic book d’origine.

P : Les films n’ont jamais été aussi vus dans le monde alors que les ventes de comics chutent régulièrement, comment expliquer cet étrange phénomène ? Peut-on s’attendre à un nouvel essor à l’avenir ?

M : En fait comme je le disais précédemment, il est illusoire de penser qu’un spectateur d’une adaptation va forcément devenir un lecteur (ou en redevenir un). Les films sont auto-suffisants, et donc même si leur succès a des effets positifs certains (comme de mettre fin à infantilisation du lecteur de comics), je ne pense pas qu’on puisse tabler dessus pour booster les ventes durablement. Après je n’aurais pas la prétention de pouvoir analyser l’évolution du marché, je pense qu’il y a aussi des facteurs économiques qui sont bien au-delà de ma sphère de compétences qui entrent en jeu, ainsi qu’une évolution des loisirs des jeunes (la place du jeu vidéo est bien plus prépondérante qu’il y a 20 ans).


Au même titre que les parutions Marvel, je vous enjoins de vous référer aux très bonnes critiques de Mdata sur les différentes productions de DC : 
DC Legacies : Tome 1 et Tome 2.
Green Lantern/Green Arrow : Tome 1 et Tome 2


Merci encore à Mdata pour son regard toujours précis et intéressant ! 
A bientôt à Préambule ou sur Watchtower Comics, en attendant , LISEZ DU COMICS !!

Entretien avec Watchtower Comics : le mainstream. Partie 1


Bonjour à tous, après quelques jours d'absence de notre blog, nous signalons notre retour en fanfare avec un nouvel entretien avec Mdata, auteur/concepteur/webmaster du site Watchtower Comics, et grand lecteur de comics toujours prompt à échanger sur sa passion. Il nous propose ici de nous éclairer sur la production mainstream ("grand public" en vf) du comics. Je lui laisse volontiers la parole en le remerciant encore pour sa grande gentillesse et sa disponibilité.



Préambule : Le superhéros reste l’image marquante du comics en général, et probablement la grande dominante de sa production. Comment la magie de superhéroïnes et superhéros habillés en slip et collants peut-elle opérer sur des gens qui ont plus de 15 ans ?

Mdata : Je pense qu’il y a plusieurs facteurs qui jouent. Pour les lecteurs qui ont connu les super héros quand ils étaient plus jeunes, il y a une composante affective : on s’accroche aux super héros de son enfance pour se raccrocher à son enfance plus ou moins consciemment. Pour les lecteurs qui découvrent les super héros plus tardivement, il y a sûrement des choses qui leur plaisent au niveau de la composante fantastique de ces univers (ce qui peut aussi s’appliquer aux lecteurs de longue date d’ailleurs). Je suis plus circonspect par contre sur le rôle des adaptations filmées, je connais bon nombre d’amateurs de films tirés de comics qui n’ont aucune envie d’en lire ne serait-ce qu’une page.

P : Quelles sont aujourd’hui les forces en présence, et comment le marché est-il segmenté en France et aux USA ?

M : Je dirais qu'aux USA Marvel et DC sont à peu près équivalents, pas forcément en même temps, mais en moyennant sur plusieurs années, les montées et pertes de chacun doivent se compenser. Mais c'est vraiment un avis "à la louche", mon ressenti de simple lecteur et j'espère ne pas dire de bêtises ! En France par contre Marvel est un véritable poids lourd par rapport à DC, qui peine à survivre. Mais peut-être cela va-t-il changer en 2012 !

P : Comme bon nombre de lecteurs en France, tu as commencé par du Marvel, qu’est-ce qui fait selon toi la force de la « Maison des Idées » ?

M : Je dirais que la forte cohérence de l’univers partagé Marvel fait partie de ses points forts. Alors qu’il a fallu plusieurs crises chez DC pour tout remettre à plat, la continuité a été établie dès le départ chez Marvel, même s’il y a évidemment des couacs. Après il ne faut pas se leurrer, une des raisons du succès de Marvel en France provient de sa très forte implantation du fait du travail de Lug (et d’autres éditeurs dans une moindre mesure), faisant que l’univers Marvel est devenu quelque chose de familier pour les lecteurs de super héros.

P : Quelles sont les différentes ambiances que proposent les séries/équipes des héros Marvel ?

M : Il y a plusieurs tendances dans le mainstream. Je pense que les principales sont l’urbain, qui concerne les héros “terre à terre” comme Daredevil ou Spiderman et le cosmique qui traite de sujets dépassant de très loin la simple Terre (où on retrouve des séries comme Guardians of the Galaxy). Après l’essentiel de la production super héroïque se situe entre les deux, le curseur se déplaçant d’un côté ou de l’autre suivant la série. 

P : As-tu des héros préférés depuis tes premières lectures ?

M : Mmmm...c’est difficile à dire, je dirais Iron Man, Daredevil, les 4 Fantastiques et les X-Men période Claremont. Mais j’en apprécie beaucoup d’autres !

P : Comment perçois-tu l’évolution de Marvel depuis les années 80 ?

M : Après une décennie où Marvel a continué d’exploiter les séries phares qui ont décollé dans les années 1970 (comme Uncanny X-Men), la qualité a sombré dans les années 90 : crossovers à gogo, surabondance de clichés (bimbos, héros “cool” qui fument et ont des gros flingues...)...Il y a eu un véritable redémarrage de l’éditeur avec l’arrivée de Joe Quesada, qui a su attirer de nouveaux talents (ou des auteurs reconnus dans d’autres domaines) dont le travail a remis Marvel sur les rails. Par contre j’ai l’impression que l’on est entré dans une nouvelle phase déclinante, avec les events à gogo, le revival de concepts des années 90 et surtout le buzz/teasing. D’autant qu’avec l’arrivée des films, Marvel tente de faire coller au mieux son univers à celui des films, et le résultat n’est pas toujours très heureux. Par exemple la mini-série X-Men Forever avait pour finalité de changer l'apparence du Crapaud et de Mystique pour coller au film (cela n'a pas duré pour Mystique). Idem pour les lance-toiles organiques de Spiderman qui sont apparus d'un coup. Concernant Iron Man, il y a le fameux "répulseur" de Stark (à l'origine un répulseur c'était juste l'arme dans les paumes de ses mains), même si Fraction a essayé de limiter la casse pour le réacteur dans la poitrine, et Pepper qui est revenue comme un cheveu sur la soupe. Bref, rien de "grave", mais je trouve dommage qu'il faille absolument remettre sur papier des choses qui proviennent de choix des personnes qui ont fait les adaptations.

P : On va entamer les questions difficiles. Essayons de nous mettre dans la peau d’un néophyte voulant découvrir l’univers Marvel, qu’est-ce que tu lui conseillerais de faire ? Comment se retrouver dans ce nid de crossovers, équipes décomposées et recomposées, héros morts puis ressuscités ?

M : Je commencerais par essayer de cerner ses préférences, histoire de cibler les univers susceptibles de lui plaire (cosmique, urbain...), avant de suggérer un récit complet pour essayer de prendre la température et voir si ça prend. Mais de toute façon à mon avis il n’y a pas de “bonne” manière de commencer les comics. C’est un peu comme sauter la première fois dans le grand bain, il faut se lancer et quel que soit le point d’entrée il est illusoire de penser qu’on peut éviter l’écueil de plusieurs décennies de continuité. En effet malgré les multiples retouches de la continuité pour minimiser le recul nécessaire au lecteur par rapport à la production Marvel, on n’est jamais à l’abri d’un scénariste qui décide de ressortir un obscur personnage bien antérieur à un point d’entrée.

P : Quelle est la différence entre suivre les fascicules en kiosque et se procurer les parutions en librairie ?

M : La différence principale concerne le budget : un lecteur occasionnel peut se laisser tenter par une revue à 4€ mais sera plus réticent à en risquer 30 pour un album. Après suivant les séries, il y a aussi une certaine déconnexion avec les univers partagés en librairie par rapport au kiosque, faisant de la librairie un meilleur point d’entrée pour se risquer dans le monde des comics. Mais à part ces considérations ce n’est pas si différent à mon avis.

P : Que penses-tu du travail de Panini dans la restitution en vf de l’univers ?

M : C’est une question piège ! Panini fait globalement du bon travail, en proposant des revues variées qui représentent l’essentiel de l’offre Américaine à un prix sommes toutes raisonnable en kiosque (en librairie c’est plus aléatoire). Il est juste dommage que cela soit entaché par des bourdes comme des soucis d’impression (par exemple l’Omnibus Alias) ou certaines traductions mal écrites et/ou non relues. Peut-être que cela changera avec l’arrivée de la concurrence...

P : Le phénomène du Multivers impacte depuis plus de 10 ans l’univers Marvel, comment juges-tu les productions Ultimates, 1602, Marvel Noir, ou Age of Apocalypse ? Est-ce qu’on est encore dans le « mainstream » ?

M : A mon avis nous sommes toujours plus ou moins dans le mainstream, même si Marvel Noir est un peu tangent. Il s’agit d’autres univers, mais on reste dans la même logique. A ce titre, l’univers Ultimate est un peu à part : conçu pour drainer un nouveau lectorat et construire des histoires adaptables au cinéma, il n’entre pas dans la même logique que les autres univers (il est d’ailleurs relativement disjoint). En ce qui me concerne j’apprécie les relectures de l’univers “classique” sous d’autres formes, du moment où cela n’est pas une simple repompe en changeant 2 ou 3 trucs (comme le Spiderman Noir qui est à mon avis beaucoup trop proche du “vrai” malgré ses qualités).

P : Pourrais-tu évoquer certains runs mémorables qu’il serait indispensable de se procurer si on accroche à l’univers Marvel ? Quels sont les auteurs qui font désormais partie du panthéon ?

M : Je dirais qu’un amateur de Marvel devrait avoir lu au moins une fois des récits de “la grande époque” (les années 60), même si je suis conscient que le graphisme de l’époque peut en rebuter pas mal. A part ça, il y a pas mal de grands classiques comme les Fantastiques de Byrne (là il faut tout lire !), la saga du Phénix Noir de Claremont, Born again de Miller,...et plus près de nous Annihilation qui marque le renouveau du cosmique de Marvel, les Ultimates de Millar, Alias et Dardevil par Bendis, Ultimate Spiderman...Difficile de vraiment dresser une liste exhaustive vu l’âge avancé de Marvel ! Pareil pour les auteurs, j’aurais du mal à dresser un panthéon tant il y a eu des auteurs qui ont contribué par leur travail à construire l’univers Marvel tel que nous le connaissons.



Si vous voulez en savoir plus sur les coups de cœur de Mdata, je vous conseille de faire un tour sur son site où de nombreuses critiques sont présentes : 
Alias de Bendis : Tome 1, Tome 3, Tome 4, Tome 5
Dernièrement, Mdata a écrit un article sur la parution en anglais de l'ensemble du run de Byrne sur les 4 Fantastiques. Vous pourrez vous faire une idée sur son appréciation plus que positive de l'ouvrage.

samedi 19 novembre 2011

La librairie Préambule est fière de vous annoncer la présence de la revue Médiacritique(s) dans ses rayons. Publication de l'association Acrimed (Action-Critique-Média) qui fournit depuis plusieurs années sur la toile un excellent travail de décryptage, de décorticage et de déconstruction des dispositifs médiatiques (presse écrite, radio, télévision), Médiacritique(s) remplit à nouveau un espace laissé vacant depuis la disparition des revues PLPL (Pour Lire Pas Lu) et du Plan B. Moins satirique, plus posé, Médiacritique(s) n'en reste pas moins implacable dans ses démonstrations et révèle les mécanismes de domination médiatique en illustrant de manière riche et argumentée les intuitions théoriques du sociologue Pierre Bourdieu ou du journaliste Serge Halimi : circulation circulaire de l'information, conséquences de la concision des argumentaires, mise en exergue du réseau des éditocrates, consensus autour de l'idéologie libérale, marginalisation de la prise de parole des acteurs sociaux dominés, effets pervers de la personnalisation de la politique. 
Se procurer Médiacritique(s) pour la modique somme de 4 euros, c'est donc soutenir un travail citoyen important, celui de surveiller les activités d'un quatrième pouvoir qui assure de moins en moins son rôle de contre-pouvoir, et donc concourir à la santé de notre démocratie. Longue vie à Acrimed et à son nouveau-né !



mercredi 9 novembre 2011

Coups de coeur d'octobre

Chères lectrices et lecteurs,

malgré les travaux qui ne cessent de prendre toujours plus de retard, malgré la pluie qui s'invite en ce début du mois de novembre, Préambule et ses libraires ne chôment pas et vous livrent leurs coups de coeur du mois d'octobre (avec 10 jours de retard tout de même, pardon du contretemps). Une sélection éclectique, qui fait aussi bien justice aux écrivains francophones qu'à la littérature étrangère. En tout cas ce sont de belles découvertes que nous vous encourageons à faire vous-mêmes. Nous savons que les prix littéraires font l'actualité du début de mois de novembre, et même si écouter les jurys c'est bien, écouter son libraire c'est toujours mieux. 

A très bientôt à Préambule

Littérature

Essais


Poches

BD

Jeunesse


samedi 5 novembre 2011

Une année chez les Français, par Mathilde Roulet

Suite à un message très attentionné d'une de nos clientes, la rubrique des "coups de coeur lecteurs/lectrices" est officiellement inaugurée par Mathilde Rolet. Avec "Une année chez les Français" de Fouad Laroui, elle nous propose donc "un pur moment de bonheur de lecture". 


Une petite valise marron à la main et un couple de dindons à ses côtés, Medhi fait son entrée au lycée français de Casablanca. On n’est pas loin du Petit Nicolas, émouvant et drôle parfois cocasse quand le petit Medhi interprète phonétiquement un “tu mendieras tant”. Magnifique et intelligent, pas manicheen, du bon et du mauvais dans chaque civilisation ou religion, mais rien de tel que de prendre la main de sa mère après la remise des prix.

extraits :

* Ça voulait dire quoi, "ça tient bien au corps" ; comment faisait-elle, la purée, pour "tenir" quoi que ce soit ? Elle s'agrippait aux parois dans l'estomac ?

* - Et que va-t-il faire à Casablanca ce petit, avec l'aide de Dieu ?
- Etudier ! proclama Mokhtar, plein de fierté avunculaire.
[...] Medhi, debout à côté de Mokhtar, eut la vision d'une grande bibliothèque, d'une table infiniment longue et chargée de livres, et d'un enfant, lui, allant de l'un à l'autre, lisant, lisant, lisant, jusqu'à la consommation des siècles. L'Eden !

lundi 24 octobre 2011

1er Festival Overlittérature à Septèmes

Bonjour à tous, 

une petite session copinage aujourd'hui, puisqu'aura lieu à partir du 4 novembre prochain, le 1er festival des auteurs de l'Overlittérature à Septèmes. Alors copinage pourquoi ? Parce que nous connaissons bien les auteurs justement de l'Overlittérature (une maison d'édition qui ne publie que les auteurs de la région) notamment Gilles Ascaride et Henri-Frédéric Blanc, que leur verve est inégalable, leur plume souvent intéressante et leur boulimie d'échange jamais rassasiée. Si vous aimez rencontrer des auteurs qui ont la passion de la discussion vous savez où aller. 
Mais ce festival est aussi multiculturel, puisqu'il consacre la part belle au théâtre, que ce soit par la lecture de la fratrie Ascaride d'un texte de Valletti, ou bien par la représentation de la pièce "Madame Olivier". Je vous conseille là encore d'y assister, pour peu que vous aimiez le burlesque à la Marseillaise, l'outrance verbale et gestuelle sous fond de débat linguistique de haute volée.

ça bouge en novembre dans la région, profitez-en. 


mercredi 19 octobre 2011

Entretien avec Watchtower Comics (partie 2)


(Suite de la première partie, avec le grand Mdata de Watchtower Comics)


P : Vaste question : pourquoi faut-il lire du comics ?
W : J’ai bien envie de répondre du tac au tac qu’il faut en lire pour que ça marche et qu’on ait plein de titres ! Blague à part, je dirais que le comic book est une forme particulière de bande dessinée, et qu’il ne faut pas hésiter à en lire si on est attiré par sa structure. Et pour retourner la question, je dirais que je ne vois pas de raison de ne pas en lire : le comic book a certes des mauvais côtés (on peut trouver du gore, de la violence, etc...) mais c’est également le cas du franco-belge et du manga. Plutôt que de faire de la généralisation, il vaut mieux essayer de peser les défauts et qualités des titres en eux-mêmes. Et franchement un album comme « C’est un oiseau » peut tout à fait montrer que les comics ne sont pas abrutissants...

P : Qu’est-ce qui différencie le comics de la bande dessinée franco-belge et des mangas ?
W : Ce n’est pas une question facile. Pour y répondre, je vais faire un peu d’histoire : à l’origine, il y avait les pulps, c’est à dire des histoires imprimées sur du papier de mauvaise qualité. On y retrouve l’aspect feuilleton, et un prix bas. Puis est apparu le comic strip (le terme comics en découlant), c’est à dire des petites histoires (sur une “bande” ou strip) dans les journaux ou magazines. Progressivement est venue l’idée de compiler ces strips en revues, appelées comic books (qui seront bien plus tard compilées en Trade PaperBack, c’est-à-dire en albums). Comparer le comic book et le franco-belge (qui a pourtant également ses origines en presse) revient à comparer deux modèles différents : il y a un aspect feuilleton plus soutenu dans les comics, avec le plus souvent un épisode chaque mois. Les histoires sont donc articulées pour fonctionner sur ce modèle (quoique cela a tendance à changer, les récits “modernes” sont maintenant articulés pour les TPB), alors qu’en franco-belge on raisonne plus en termes d’albums. L’aspect financier est aussi non négligeable, les comics héritant des pulps bon marché revenant moins cher qu’un album de franco-belge (même si la situation est un petit peu biaisée chez nous : les éditeurs comme Panini se contentent d’adapter des licences dont ils ont les droits alors que des éditeurs de franco-belge doivent lancer les projets, rétribuer les auteurs, etc...et ceci a un coût). Sur le plan de la mise en page, le franco-belge est en général plus “sage”, avec des planches alignant bien sagement leurs cases alors qu’un comic book peut avoir des mises en page très spectaculaires. Concernant le manga, par contre je ne saurais pas trop en parler, n’étant quasiment pas lecteur (à part Cobra), même s’il est évident que le format et le sens de lecture forment une différence. Sur le plan du graphisme pur par contre les différences s’estompent, car chaque type de bande dessinée puise ses inspirations dans d’autres types. Ça se voit par exemple avec des titres comme « Empowered » ou « Scott Pilgrim » qui empruntent des codes du manga.

P : Au début de l’entretien, tu as déclaré que "l'envie de lire de bonnes histoires est un puissant moteur", donc est-ce que tu penses que le comics propose de meilleures histoires que ses équivalents français et japonais ?
W : Je ne pense pas. En fait je voulais juste mettre en valeur le fait que je ne lisais plus du comics uniquement pour retrouver mes personnages préférés, mais je me suis mal exprimé ! D’ailleurs je lis aussi du franco-belge, mais beaucoup moins que des comics il est vrai (cet été je me suis fait un petit plaisir, je me suis pris l’intégrale des « Passagers du vent »). Je pense que chaque famille de la bande-dessinée a ses bonnes et ses mauvaises histoires : les séries “de Troy” postérieures au cycle original de Lanfeust (dont le concept me semble usé jusqu’à la corde) sont à mes yeux aussi peu intéressantes qu’Ultimatum... Et inversement je prends autant de plaisir à lire « Scalped » que  « Le fléau des dieux » ou « Universal War One ».

P : Quelles sont les différents sous-genres qui composent le comics ?
W : Le comic book est dominé par ce qu’on appelle le mainstream (soit le comics visant le large public, ndP), c’est à dire les histoires de super héros. D’ailleurs quand on pense “comics”, on pense tout de suite à un gars avec son slip sur son pantalon et une cape. Le mainstream lui-même a ses sous-genres, comme l’urbain (des héros “de rue” comme Daredevil ou Spiderman) et le cosmique (dont Green Lantern est un bon représentant). Mais il y a beaucoup d’autres genres : du polar, du thriller, de l’humoristique, de l’historique, de la SF pure...Le comic book est somme toute un genre assez vaste où peuvent cohabiter « Spiderman », « Walking dead », « Snoopy » et « 100 Bullets » ! Tout dépend de l’histoire que l’auteur veut raconter, c’est un peu elle qui définit le cadre, en dehors du mainstream dont les codes sont assez figés (un auteur de mainstream chez Marvel doit par exemple accepter que son personnage puisse mourir 12 fois, revenir autant de fois et être embarqué dans le super event de l’année).

P : Au regard de ta grande expérience de lecteur, qu’est-ce qui a changé dans la production des comics ?
W : Au niveau de la production, l’infographie a progressivement fait son entrée dans les albums, notamment au niveau de la colorisation et du lettrage. C’est assez flagrant sur « Rocketeer », dont la colorisation d’origine et la nouvelle (signée par la talentueuse Laura Martin) sont à des années lumières l’une de l’autre. Les gros éditeurs sont également de plus en plus gros (principalement le “big two” Marvel et DC), et du coup sont assez figés. Chez Marvel par exemple, c’est assez cyclique au niveau de la production : event (évènement important dans l’univers des superhéros, ndP), status quo, event, status quo, etc...Internet a également pas mal bouleversé la communication des éditeurs, qui ont cédé aux sirènes du buzz (Marvel spoilant ses events non encore terminés !). Pour continuer à parler du big two, il faut aussi voir qu’avec le succès des films, ils sont entrés dans une logique de franchise plutôt que de titres de BD, avec les débordement que cela peut engendrer (comme les idées des films rétro-insérées dans les comics avec la légèreté d’un éléphant dans un magasin de porcelaine). Enfin j’ai l’impression que les comics connaissent des phases, plus ou moins glorieuses. J’ai l’impression qu’en ce moment nous sommes revenus à une situation analogue à celle des années 90, avec une surabondance de crossovers (histoire étalée sur différentes séries, note de Watchtower) et d’électrochocs destinés à faire le plus de bruit possible (la mort de Batman fait écho à celle de Superman dans les années 90).

P : As-tu l’impression que le comics est une forme artistique légèrement sous-évaluée ? (J’ai parfois ce constat que le public jeune lorgne de préférence vers le manga, tandis qu’un public plus mature ira plus volontiers vers la franco-belge)
W : Le problème à mon avis, c’est que le comic book a toujours plus ou moins eu une mauvaise réputation chez nous. D’abord accusé de pervertir la jeunesse, il a été ensuite totalement associé à celle-ci, et ses amateurs ont de ce fait été vus pendant longtemps comme de grands enfants. La conjonction de deux facteurs, à savoir la popularité des films et le phénomène de “mode” autour du geek (qui est devenu chic), change doucement la donne. Ça n’a l’air de rien, mais c’est très agréable de pouvoir acheter du comics chez un libraire lambda sans être regardé de travers (du vécu quand j’ai repris les comics et que j’achetais mon Wolverine en face de chez moi). Mais le manga reste très implanté, propulsé par les animes qui ont rendu populaires ses codes et je ne vois pas à moyen ou long terme le comic book arriver à dominer son homologue nippon. Quant au franco-belge, il est vrai qu’il garde encore la préférence du public français, par tradition (ce que je comprends, dans ma famille on lit du Tintin de père en fils, de mon grand-père à mon fils). Il faut voir aussi que l’offre en franco-belge et manga est beaucoup plus conséquente que l’offre comics en France (et beaucoup plus mise en avant), ce dernier ayant de plus l’avantage d’être peu onéreux. Mais vu l’intérêt montré par des éditeurs jusque-là moins présents dans le domaine des comics (je pense à Dargaud notamment), peut être que le vent va tourner...


P: Le monde du comics est de plus en plus touché par la tendance de la numérisation des numéros, qu’en penses-tu ?
W : J’avoue que j’ai du mal à comprendre cet engouement. Pour moi la lecture passe par un contact tactile important avec le livre (sans oublier le parfum inimitable du livre neuf), la lecture sur écran casse ce lien privilégié que l’on établit avec lui. Pour moi un livre papier est un peu comme un compagnon, que l’on respecte, que l’on transmet alors qu’un livre numérique n’est qu’une simple information, une chimère électronique faite de 0 et de 1. Après je ne jette pas la pierre aux amateurs de numérique, qui ont sûrement de très bonnes raisons de s’y intéresser, mais ce n’est clairement pas mon truc.

P : Où effectues-tu le plus tes achats ?
W : En comic shop. J’ai la chance d’en avoir un juste à côté de mon travail, donc le midi il y a très souvent un petit crochet... En vacances, je me débrouille en fonction de ce que je trouve, le plus souvent en kiosque ou maison de la presse. Je recours très peu à la vente par correspondance, ayant eu pas mal de soucis avec mes colis. Je vais régulièrement à Paris avec mon frère, histoire de dégotter quelques petits extras (bon là j’ai fait un break mais je vais bientôt y retourner !).

P : Quelle a été l’importance des librairies dans la construction de ta culture comics, et aujourd’hui  quelles sont tes relations avec « ton dealer préféré » (pour reprendre une des expressions) ?
W : Mes relations avec mon “dealer préféré” sont au beau fixe, il me conseille bien et je lui achète plein de trucs ! Blague à part mes relations avec les libraires ont toujours été pour moi une grande source d’inspiration, j’adore discuter avec eux sur telle ou telle série. Trouver un libraire qui sache bien guider le lecteur vers tel ou tel livre suivant ses goûts, c’est comme trouver un trésor...d’ailleurs mon “dealer préféré” m’a bien souvent donné envie d’essayer des titres qui ne m’attiraient pas de prime abord et je n’ai jamais eu à le regretter : je pense notamment à « DMZ », « Gigantic » ou « 52 » qui n’avaient absolument pas retenu mon attention. J’ai beaucoup de respect pour les libraires, qui à mon avis font un bien beau métier.



Nous voilà arrivés au terme de notre première discussion avec Franck/Mdata de Watchtower, que je remercie encore chaleureusement pour sa disponibilité et pour nous offrir ce magnifique lieu virtuel qu'est son site internet. J'ose espérer que cet entretien vous aura intéressés, car nous vous nous retrouverez (prochainement peut-être pas, mais restez aux aguets tout de même) pour une prochaine rencontre Préambule/Watchtower où nous nous attarderons sur la production mainstream des superhéros. 

A très bientôt à Préambule, sur le blog et sur Watchtower, en attendant, passez du côté obscur de la Force et lisez du comics !!