lundi 18 juin 2012

Moon Knight T1, par Bendis et Maleev

Un petit retour sur la vf, puisque la semaine dernière Panini publiait les sept premiers numéros de la nouvelle série de Moon Knight par les compères Bendis (scénario) et Maleev (dessin). Etant un "jeune" lecteur des séries Marvel, je n'ai découvert le personnage de Moon Knight qu'avec la reconstitution des Secret Avengers sous l'ère de l'Heroic Age. Rien ne m'incitait à faire l'essai de la série dédiée au personnage, si ce n'est la présence du duo Bendis/Maleev, auteurs d'un run somptueux, magistral, sublime, chef d'oeuvre intemporel sur Daredevil. Autant vérifier si la qualité est à nouveau au rendez-vous. 

La série se déroule à Los Angeles, lieu de résidence de Marc Spector (Moon Knight), producteur à Hollywood d'une série Tv pourrie inspirée de sa propre histoire. Se convainquant d'avoir un rôle à jouer en tant que Vengeur sur le côté Est, Moon Knight se retrouve embarqué dans une embrouille autour d'un exemplaire d'Ultron dont il parvient à dérober la tête. Sa tête est rapidement mise à prix par le supervilain voulant récupérer le puissant robot, un mystérieux caïd qui la joue profil bas dans une ville où les superslips se distinguent par leur absence. Après avoir bousillé une première approche, Moon Knight collabore avec Echo/Maya Lopez, une ex-Vengeur sourde, également assisté d'un ancien agent du SHIELD. Voilà pour le pitch. 

Le genre urbain dans les comics est un des sous-genres que j'apprécie de plus en plus. Contrairement aux séries plus traditionnelles, l'intérêt ne réside pas tant dans l'aventure, le déchaînement de super pouvoirs, que dans le travail scénaristique autour de la personnalité des héros. La plupart des personnages urbains que je connais (Daredevil, le Punisher, Johnny Blaze/Ghost Rider) ont ainsi ce point commun d'être bien plus torturés que la moyenne, la folie douce ou furieuse déteignant nécessairement sur leur vie civile. Moon Knight ne déroge pas à la règle, et Bendis insiste sur cet aspect du personnage, d'autant que ce dernier est loin d'être monolithique. Bendis joue donc sur plusieurs registres. Le premier porte sur la réhabilitation du personnage, adoubé par Steve Rogers himself dans les Secret Avengers. Clairement dévalorisé dans le paysage Marvel, le scénariste s'amuse habilement avec le statut ambivalent de Moon Knight, Vengeur secret ou de troisième zone selon les points de vue, dans un traitement qui s'approche, toutes proportions gardées, de ce que Geoff Johns a récemment fait avec Aquaman. Le deuxième registre mobilisé, et prépondérant dans tout l'album, est le trouble particulier dont souffre Moon Knight. A l'instar de Deadpool, Marc Spector entend des voix qui le malmènent, le questionnent. Si ce procédé d'écriture permet l'introduction d'éléments humoristiques, on est loin du délire typiquement deadpoolien. Ici les voix s'incarnent dans des versions imaginées de Captain America, Spiderman et Wolverine, fidèles à la personnalités des héros prestigieux, et symbolisent les différentes postures à disposition d'un Moon Knight isolé, en perte de repères et en quête de rédemption. Bendis ajoute également une intrigue amoureuse, entre deux personnages marginalisées, et qui doivent faire face, loin des paillettes new-yorkaises, à la face sombre de Los Angeles. Autant dire que Moon Knight est une série qui consacre la part belle aux dialogues et à la construction psychologique de ses personnages, deux domaines dont Bendis est passé maître depuis quelques années.
Un petit mot sur les dessins. Alex Maleev fait du Maleev : c'est sombre, froid, et colle bien à l'ambiance polar qu'a voulu instillée Bendis dans la série. Il faut tout de même reconnaître que le dessinateur n'est pas au top de sa forme et qu'il nous a habitués à bien mieux, que ce soit sur Daredevil, PunisherMax, ou plus récemment sur Scarlet. Ce n'est pas mauvais (je ne pense pas que du Maleev puisse être mauvais), mais ce n'est pas brillant non plus. 

Moon Knight est un très bon album de comics urbain. Tous les codes habituels sont maîtrisés par le vieux routier du genre qu'est Bendis. Si l'intrigue n'est pas des plus intéressantes, ce premier album est une parfaite introduction pour mettre en place son personnage, ses défis et son univers. Ce n'est certainement pas le meilleur travail du scénariste, mais vu ce à quoi il nous habitue dernièrement, on est rassuré sur sa capacité à se renouveler et à proposer des séries solides et attachantes.


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