vendredi 22 novembre 2013

Les éditions Anne Carrière fêtent ses 20 ans le Samedi 23 novembre à Cassis


"Les éditions Anne Carrière" ... au Bar du XXème siècleavec Sibylle Grimbert, Marcel Rufo et la librairie Préambule
Samedi 23 novembre - à partir de 11 h 30.


« Notre maison d'édition fête ses 20 ans. Un âge raisonnable. Et pourtant ce métier n'est pas raisonnable. C'est un métier d'intuition, de passion. Un métier de passeur. L'éditeur est un passeur qui conduit un auteur et son texte vers la rive où l'attend le lecteur. Diriger une maison d'édition indépendante, c'est aussi se donner les moyens de remplir la mission numéro un d'un éditeur : découvrir de nouveaux talents, de jeunes auteurs qui seront, je l'espère, les grands auteurs de demain, mais aussi des récits, des témoignages de vie, des biographies, des essais sur le monde contemporain. Notre maison d'édition cherche à vous apporter du rêve, des émotions, des thèmes de réflexion, une ouverture sur la vie. » dixit Anne Carrière, fille de l'éditeur Robert Laffont. Depuis sa création en 1993, de nombreuses découvertes, dont Paulo Coelho ou Laurent Gounelle, plus récemment Robert Goolrick et Yannick Grannec, mais aussi des auteurs phares comme Patrick Graham ou Françoise Xenakis... 


Un beau file rouge où l'on retrouve également Marcel Rufo et Sibylle Grimbert qui seront présents à ses cotes demain à l'occasion de cet anniversaire. Marcel Rufo présentera son tout dernier livre "Tu réussiras mieux quemoi", un essai ayant pour thème : l'éducation - l'avenir de nos enfants, et par la même, portant sur la place, la répartition des rôles, des responsabilités de l'école et/ou des parents ... De quoi nourrir de nombreuses réflexions en pleine réforme scolaire Peillon. Sibylle Grimbert, elle, a publié un des très beau roman de la rentrée littéraire 2013. En toile de fond, l'affaire Bernard Madoff, grand financier déchu en 2008... Mais le sujet traite surtout de la complicité, de la lâcheté, de l'égoïsme, de l'ambiguïté d'une relation père - fils. Victime ou complice ? Aux dernières pages, le narrateur, comprenant que toute sa vie, son standing, sa position sociale, a été modelée par les mensonges de son escroc de père, se pose cette question : « De quelle langue se sert-on dans le monde où les choses sont vraies ? » Bonne question. A vous de vous faire une opinion.


Alors RENDEZ-VOUS SAMEDI 23 NOVEMBRE - 11H30 - au Bar du XXème siècle.

Nous vous attendons nombreux.

Préambulement vôtre.


jeudi 21 novembre 2013

Panini Comics (novembre 2013) : X-Men Universe 5 et X-Men 5

Suite de nos bilans et place aux séries mutantes qui étaient passées à la trappe le mois précédent. 

X-MEN UNIVERSE 5 


X-Men (vol 4) #3 : Brian Wood/Olivier Coipel


Attendu (un peu) comme le messie (en tout cas par moi) dans le magazine, le titre de Brian Wood arrive déjà à la fin du premier arc. Une première occasion de faire, sinon le bilan, du moins le point sur l'apport d'une série estampillée Megastar dans un magazine qui désespérait de voir débarquer un vrai poids lourd. Avec X-Men  c'est un peu l'histoire du verre à moitié plein ou à moitié vide. Clairement l'histoire ne démérite pas. On aime toujours autant voir se dépatouiller ce casting full-women, d'autant que les héroïnes sont décidément très sympathiques à suivre sous la plume de Wood. Que ce soit Malicia, Storm, Kitty ou Betsy, l'écrivain parvient chaque fois à exploiter leur potentiel en gardant le juste équilibre entre force et finesse pour ne jamais tomber dans une caricature genrée (et tous les ingrédients sont réunis pour se vautrer dans l'essentialisme sexiste). Néanmoins, Wood recycle des idées qu'il a déjà exploitées dans le précédent volume d'X-Men. On sent que l'écrivain aime les Archi ou Anté créatures en posant des menaces destinées à repenser la place de la race mutante sur notre planète. Une thématique extrêmement intéressante mais qui mériterait un développement conséquent. A voir donc si ce qu'avance Wood dans ce premier arc sera exploité. Si c'est le cas, il s'agira a posteriori de rehausser la qualité de cette série. Dans le cas contraire, autant conclure que nous sommes face une série efficace, mais pas inoubliable. Affaire à suivre. 

Savage Wolverine #5 : Frank Cho (tout seul comme un grand)


J'ose à peine vous avouer que l'absence de Savage Wolverine dans le magazine précédent m'a beaucoup peiné. Et oui, autant l'avouer suivre les aventures de Wolverine et Shannah en petite tenue dans une intrigue qui n'a ni queue ni tête a tout de ce petit plaisir coupable que nous, amateurs d'un mauvais goût assumé, affectionnons particulièrement. Bon, là, l'excitation retombe d'un sacré cran, parce que l'on se mange en pleine face les lacunes stylistiques de Frank Cho. Je comprends que l'intrigue n'est qu'un prétexte, mais lorsque j'ai l'impression de lire du Vaudeville dans du comics, je reste circonspect. Ce nouvel épisode est la foire au WTF où Cho expédie la présence de Hulk (qu'est-ce qu'il fout là déjà ?) pour l'expédier avec un rare irrespect (il manquait juste un sample de batterie pour appuyer le gag). Ok pour l'action décomplexée, mais même dans le n'importe quoi il faut un peu de structure. Plus qu'un épisode pour que Frank Cho range ses joujoux. On ne pourra pas dire que ce facétieux garnement va nous manquer. Je ne vous parle pas du dessin. Si vous aimez pour des raisons ... qui sont ce qu'elles sont, vous ne serez pas trop déçus, voire carrément contentés. 

Uncanny X-Force (vol 2) #5 : Sam Humphries/Adrian Alphona/Dexter Soy


Rien à faire, je ne parviens pas à aimer cette version Marvel NOW d'Uncanny X-Force. Tout simplement parce que je ne retrouve pas du tout l'esprit d'une série X-Force. Elle est où la violence impérieuse ? Il est où l'aspect X-Men Black ? Le titre de Sam Humphries souffre en permanence des inévitables comparaisons du fait de son casting. En choisissant un roster essentiellement féminin, impossible de ne pas penser à la série de Brian Wood dans le même magazine. Donc non seulement l'équipe de Psylocke ne tient pas la distance face à sa concurrente dirigée par Cable, mais en plus elle est bien mieux exploitée ailleurs. Et les épisodes sont longs, mais longs à avaler... Un numéro entier sur le voyage dans l'inconscient de Bishop sans que l'on comprenne vraiment où Humphries veut nous emmener. Enfin si, on comprend que Bishop en fait est très gentil, mais qu'est-ce que c'est mal exécuté...  Bref, une lecture à oublier. 

Age of Apocalypse #13 : David Lapham/Renato Arlem/Valentine de Landro


Les aventures de la Terre 295 arrivent bientôt à leur terme cher lecteur. Et le temps est venu pour David Lapham de souffler après un rythme jusqu'ici plutôt soutenu. L'épisode s'apprécie comme un véritable aftermath de la guerre Mutants/Humains. Lapham traite plutôt bien des conséquences de la chute d'Omega (Wolverine version E-295 si vous n'avez pas suivi) et des nouveaux équilibres politiques avec Monet/Pregnance et Stryker/Prophet en nouveaux leaders pragmatiques. Il n'oublie pas non plus la psychologie à fleur de peau de ses protagonistes qui ont traversé tant d'épreuves depuis l'avènement d'Apocalypse. J'ai beaucoup aimé les pages consacrées justement à Stryker, Wolverine et Jean Grey. En somme, Age of Apocalypse est arrivé à bon port, et je crois que c'était le plus grand défi que devait relever Lapham. Challenge accompli donc. Au dessin, c'est aussi dans la lignée des précédents numéros. C'est donc assez joli. 

X-Treme X-Men (vol 2) #12 : Greg Pak/Andre Araujo 


J'ai rien compris. Ne suivant pas la série de Greg Pak depuis la refonte des séries mutantes post-Schism, je n'ai rien compris. Ni aux personnages (ah tiens, Pak est toujours collé avec Hercule ?!), ni aux enjeux (les Xavier maléfiques). Une étrange et irréelle impression de lecture du début jusqu'à la fin de l'épisode. Sachez tout de même que le multivers est menacé (pfff....) et que des tas d'Apocalypse vont manifestement débarquer. On retrouve André Araujo, et je ne suis toujours pas fan de son trait. 

Bilan de la revue : très bizarre de juger d'X-Men Universe qui est trop tributaire de la forme de telle ou telle série. Ce n'est certainement pas un grand magazine, largement dispensable pour ceux qui souhaiterait s'intéresser à l'univers mutant. 


X-MEN 5 


All New X-Men #10-11 : Brian Michael Bendis/Stuart Immonen


Back to quality boys ! Le chiaroscuro joue à fond lorsque l'on passe d'X-Men Universe à ANXM. A chaque fois je crains le premier faux pas de Bendis, et à chaque fois ce dernier livre un sans-faute. Il nous offre à nouveau deux épisodes d'une qualité exceptionnelle. Alors certes, vous me direz que rien n'est vraiment extraordinaire en soi, mais tout est magnifiquement réalisé. On pourrait croire que Bendis soit dans la redite à force d'opposer anciens et nouveaux X-Men, mais chaque face à face apporte un nouvel éclairage à l'histoire et aux enjeux qui sont dépeints. Si l'on regarde bien  les actuels rapports de force mutants, trois groupes principaux s'opposent : l'école Jean Grey (Wolverine/Pryde), l'école Charles Xavier (Cyclope/Magneto) et la nouvelle confrérie (Mystique/Creed). Tous les mutants sont ainsi ballottés entre ces trois pôles, qui incarnent chacun une interprétation du rêve des fils de l'atome. L'heure est donc à la méfiance et à la scission. Je ne vous révèle pas un des twists principaux du numéro, mais la visite de Cyclope à l'école Jean Grey a fait des dégâts. La scène est d'ailleurs un modèle du genre. L'humour est présent (Bendis est très bon avec Quentin Quire), la tension est permanente, il y a de l'émotion à chaque page. Personnellement, je me suis surpris à prendre parti et j'avoue avoir trépigné avec Wolverine puis souffert avec la jeune Jean Grey. C'est vous dire le degré d'empathie que Bendis parvient à créer avec son lectorat tant ses personnages sont admirables (avec une mention spéciale pour Kitty Pryde et Jean Grey). Bref, je ne taris pas d'éloges sur ce pur chef d'oeuvre. Pour ne pas gâcher notre plaisir, le twist final est là pour nous rappeler que la montée en conflictualité ne fait que commencer. Je ne vous parle même pas des dessins stratosphériques de Stuart Immonen. Enfin si, je vous en parle pour souligner qu'Immonen a suivi le nouveau design des costumes créés par Bachalo pour Uncanny X-Men. C'est parfait pour la cohérence de l'ensemble, bref encore un défaut que l'on ne peut plus relever. 

Uncanny X-Men (vol 3) #5-6 : Brian Michael Bendis/Frazer Irving


Double-dose  d'Uncanny X-Men. Ces deux épisodes si situent directement dans la continuité d'ANXM #11. Bendis continue de croiser les deux principales intrigues de la série qui correspondent peu ou prou aux problèmes que rencontrent l'école Charles Xavier (c'est quand même gonflé comme nom...) en externe et en interne. En déclarant la "révolution mutante", Cyclope s'est en effet attisé les foudres de la plupart des gouvernements normalement constitués. On suit donc les effets de cette déclaration au sein du SHIELD qui se doit de réagir et de préparer ses propres pions. Mais clairement le numéro s'intéresse aux défis que rencontre le corps professoral de l'école. Tous les X-Men qui ont été possédés par la Force du ¨Phénix (dans AvX) voient leurs pouvoirs se dérégler. Quand c'est Cyclope ou Emma, le problème reste mineur. Mais lorsque Ilyana Raspoutine est touchée par le phénomène ce sont les enfers qui menacent de l'engloutir, elle, ses collègues et ses élèves. Voilà un petit peu ce qui anime ces deux numéros. Cela reste de haute volée et l'on ne s'ennuie guère tant le rythme est haletant. On retrouve aussi les points forts de Bendis qui s'est toujours révélé en maître dialoguiste. Que ce soit dans l'intime ou dans l'action de groupe, sa patte apporte ce petit plus qui enchante votre lecture. Il y a notamment un décalage assez plaisant entre la gravité de la situation (être coincé dans les Limbes hostiles) et le badinage qui anime nos personnages (mention spéciale aux X-Men Rassemblement !). Mais le point fort de la série tient à mon sens aux dessins de Frazer Irving. J'étais a priori peu chaud à l'idée d'abandonner Bachalo, mais là le ton beaucoup plus réaliste d'Irving sied bien mieux au pitch des épisodes que le style cartoony de son prédécesseur. Et quelle colorisation sainte mère !! Cela faisait longtemps que je n'avais pas pris une telle gifle graphique.

Cable and X-Force #8 : Dennis Hopeless/Salvador Larroca


La série la mutante la plus fun du moment. Hopeless a trouvé son rythme et son ton depuis quelques numéros et par là-même balaye les derniers petits défauts qui entachaient le titre. Dans ce #8, l'écrivain boucle son précédent arc pour définitivement installer l'esprit du X-Force version Cable. C'est futé (le plan est bien pensé), c'est réfractaire à toute forme d'autorité (Abigail Brand en fait les frais) et c'est bad assement jouissif. On sent qu'Hopeless adore ses personnages, et cet amour est communicatif. J'avais déjà un a priori positif sur Domino, mais là elle explose tout. J'apprécie aussi particulièrement le traitement de Colossus. Hopeless ne fait pas du Bendis puisque les failles post-AvX de Nikolaï sont surtout intérieures. Point de pouvoir défaillant mais une tristesse infinie qui mine notre mutant au grand coeur. Il fallait tort ou tard que l'homme de métal reprenne du poil de la bête, et l'écrivain a parfaitement rendu ce comeback. Dennis Hopeless est vraiment la révélation de Marvel NOW que je conseille de découvrir. 

Bilan de la revue : Incontournable, sublime, magistrale, choisissez le qualificatif que vous voulez pour décrire X-Men. Si vous n'avez pas encore acheté ce magazine, votre mauvais goût est suspect. 

Liste des Prix Littéraires 2013

Adieu rituel des prix littéraires, si l'on escompte quelques retardataires. Tout (ou presque) a été dit sur le cirque annuel qui monopolise notre attention automnale. A défaut d'un bilan (que je serais bien incapable de faire étant passé à côté d'une certain nombre d'oeuvres primées), je vous propose une liste pour que le lecteur puisse embrasser d'un coup d'un seul l'ensemble de la promotion 2013. 

Un léger regret néanmoins, le fait que Céline Minard n'ait reçu rien de mieux que le Prix de Style (que je découvre), alors que son fantastique et audacieux "Faillir être flingué" est probablement ce qu'il y a eu de plus enthousiasmant et de mieux écrire en littérature française depuis le mois d'août. 

PRIX LITTERAIRES 2013

Littérature Française

Prix Goncourt : Au revoir là-haut, de Pierre Lemaître (éditions Albin Michel)
Prix Renaudot : Naissance, de Yann Moix (éditions Grasset)
Prix Fémina : La Saison de l’Ombre, de Leonora Miano (éditions Grasset)
Prix Médicis : Il faut beaucoup aimer les hommes, de Marie Darrieussecq (éditions P.O.L)
Prix de l’Académie Française : Plonger, de Christophe Ono-dit-Biot (éditions Gallimard)
Prix Interallié : Moment d’un couple, de Nelly Alard (éditions Gallimard)
Prix Goncourt des Lycéens : Le Quatrième Mur, de Sorj Chalandon (éditions Grasset)
Prix de Flore : Tout cela n’a rien avoir avec moi, de Monica Sabolo (éditions JC Lattès)
Prix Décembre : La Réforme de l’Opéra de Pékin, de Maël Renouard (éditions Payot/Rivages)

Littérature Etrangère

Prix Fémina Etranger : Canada, de Richard Ford (éditions de l’Olivier)
Prix Médicis Etranger : En Mer, de Toine Heijmans (éditions Bourgois)
Prix Nobel de Littérature 2013 : Alice Munro (éditions de l’Olivier, éditions Points)
Prix du Meilleur Livre Etranger : L’Enfant de l’étranger, de Allan Hollinghurst (éditions Albin Michel)

Essais

Prix Renaudot Essai : Séraphin c’est la fin, Gabriel Matzneff (éditions de la Table Ronde)
Prix Fémina Essai : Dictionnaire Amoureux de Proust, de Jean-Paul et Raphaël Enthoven (éditions Plon/Grasset)
Prix Médicis Essai : La Fin de l’homme rouge ou le temps du désenchantement, de Svetlana Alexievitch (éditions Actes Sud)




lundi 18 novembre 2013

Bad Ass, T1

Bad Ass, T1


Ecriture : Herik Hanna
Dessins : Bruno Bessadi
Colorisation : Gaétan Georges

Accordez-moi quelques propos liminaires, même si l’exercice est rébarbatif, avant d’entrer dans le vif de la critique. Samedi dernier, l’association A l’Ombre des Bulles (j’en profite à nouveau pour les remercier) avait organisé une séance de dédicace/dessins autour de Mahmud Asrar, dans l’antre de la Bédérie (que je remercie également) à Aix-en-Provence. S’était au dernier moment greffé à l’événement un local de l’étape  en la personne de Bruno Bessadi, Marseillais de son état. Avec l’effervescence de l’événement d’autant que le bougre m’a dessiné un sublime sketch de John Constantine, bref, je n’ai pas pu résister à l’achat du tome 1 de Bad Ass. Une modeste contribution  au soutien du French Comics autant qu’un petit geste de solidarité professionnelle. Cette introduction me permet donc de vous avouer dans quel état j’étais au moment d’ouvrir mon Bad Ass dédicacé, le capital sympathie évidemment au maximum. On pourrait croire que l’euphorie rime avec l’indulgence, mais comme pour les drogues dures, attention à la descente.

Place donc aux planches et à ses enchevêtrements de bulles lettrées. Comment vous résumer ce premier tome ? Bad Ass vous narre les aventures de Jack Parks, alias Dead End, un des meilleurs représentants de cette profession dont la mission est de nuire un maximum à son prochain. Pour donner vie à son assassin, Herik Hanna croise deux sous-intrigues : la première s’intéresse au massacre perpétuel auquel s’adonne le « héros » dans le présent, tandis que la seconde remonte dans la jeunesse lycéenne pour décrypter les origines du bonhomme (mais comment est-il devenu aussi méchant ?). Autant dire que le script fait dans le délibérément classique, puisque ce premier volume sert avant tout d’introduction à l’univers de la série en se concentrant sur son personnage principal avec qui il s’agit de tisser les indispensables liens empathiques. Hanna la joue by the book, et compose une trajectoire là encore très classique, qui amènera un jeune boutonneux marginalisé à la stature de bad ass ultime, un rêve sans doute partagé par bon nombre de lecteurs. Je reste évasif sur les tenants et les aboutissements d’une telle transformation au risque sinon de vous spoiler certains des développements les plus savoureux de la série.

Si vous ne suivez guère l’actualité du comics outre-Atlantique et que vous n’êtes pas familier avec le système des sollicitations, sachez que l’éditeur américain Dynamite Comics a acheté les droits de Bad Ass et publiera le premier numéro en janvier 2014. Bruno Bessadi nous avouait d’ailleurs que le big boss de Dynamite était extrêmement enthousiaste sur le titre et en assurait la promotion comme le digne héritier de The Boys (dont Panini vient de nous offrir l’ultime opus, snif). « Faudrait pas pousser mémé dans les orties, monsieur Dynamite », pourrait-on objecter, et l’on aurait tort de le faire. Les ponts entre les deux séries existent bel et bien, puisqu’Hanna partage avec Ennis cette même envie de parodier et de malmener par l’entremise d’un anti-héros l’univers des super slibards. A la différence que si l’aversion d’Ennis pour tout ce qui porte du spandex est notoire, on ressent en revanche un attachement réel pour la culture populaire du côté d’Hanna. Si ce n’était pas le cas, son petit bébé ne serait pas à ce point une œuvre postmoderne. Bad Ass est sinon une œuvre sous influence, au moins sous références. Sans en dresser une liste exhaustive, ce premier tome cite Batman, la JLA, Green Hornet, Spiderman, The Authority, sans vous parler des clins d’œil à Dirty Harry, Duck Hunt, au mecha, DBZ, NBA Jam ou encore Fist of the Blue Sky et le hentaï.

L’avalanche référentielle peut tout aussi bien caresser l’amateur dans le sens du poil que le noyer jusqu’au coma geekique. Le problème tient surtout à l’identité propre d’une série qui ne vivrait que par les modèles qu’elle cite pour compenser son propre vide substantiel. En l’état actuel, je ne porte pas une telle accusation contre Bad Ass, et lui laisse le temps d’installer ses propres codes. Je n’ai surtout pas envie de briser par un pinaillage exacerbé le réel enthousiasme offert par cette lecture. Le rythme est trépidant dès la séquence d’intro (un modèle de transgression jouissive), on ne respire quasiment jamais, à l’exception de certains flahsbacks un poil plus posés. Il faut surtout saluer l’humour d’un auteur à la plume corrosive qui parvient parfaitement à exploiter notre patrimoine argotique. Il faut bien avouer que la série mérite bien son nom car rarement on n’aura vu une telle grande gueule enchaîner les punchline avec la régularité d’un AK47. Je ne peux évidemment pas taire l’apport artistique de Bessadi dont on sent qu’il s’éclate avec Bad Ass. C’est craspec quand ça doit l’être, c’est boobesque quand ça doit l’être également et ça assure les scènes d’action avec le dynamisme nécessaire. La maturité du titre est assumée visuellement et ça, ça fait vraiment plaisir.


Je n’ai donc que des bonnes choses à écrire sur ce premier tome. Je pourrais insister sur les petits défauts ici et là, mais ne boudons pas notre plaisir. Bad Ass vous procurera un intense moment de lecture et vous donnera la banane toute la journée. Vraie bonne série ou plaisir coupable ultra-référencé, l’avenir le dira. En attendant, soutenir le French Comics n’est pas une chose difficile quand la qualité est à ce point au rendez-vous. 

dimanche 17 novembre 2013

Panini Comics (Novembre 2013) : Iron Man 5, Uncanny Avengers 6, Age of Ultron 3

Deuxième partie de nos bilans mensuels, plutôt axée sur l'event Age of Ultron.

IRON MAN 5


Iron Man (vol 5) #8-9 : Kieron Gillen/Greg Land/Dale Eaglesham

Conclusion de l’arc "Déicide" par un Gillen qui n’avait pas envie de traîner. Ce numéro m’a pour le moins surpris. Alors que je m’attendais à une exploitation classique de type Gladiator avec ce vieux roublard de Tony finissant par emballer la princesse, Gillen expédie sa scénographie de combat avec l’intervention de Pepper le logiciel. Intervention étant le mot clef de l’épisode #8, l’écrivain fait appel aux Célestes (rien que ça !) pour décimer la civilisation dépeinte il y a un numéro à peine. Généralement, recourir de manière aussi abrupte à ce qui se rapproche le plus chez Marvel de l’idée de divinité devrait faire tiquer. Heureusement ce n’est pas le cas, puisque le script reste parfaitement cohérent. 602 025 morts plus tard, Stark n’a pas vraiment digéré le fait de se faire manipuler par l’androïde 451. S’ensuit une courte séquence de traque spatiale conclue par un epic fail. Et là où Gillen révèle encore son génie, c’est dans une belle démonstration de transition narrative. Car la vraie star de ce numéro c’est le fameux 451, bien plus chafouin et taquin qu’un Stark dépassé par plus fort que lui. Mais ce n’est pas tout car l’androïde est aussi porteur d’un message vidéo du père de Tony. Voilà comment nous sommes délicatement amenés vers les origines secrètes d’Iron Man avec un nouvel éclairage sur sa destinée. Quand un épisode est aussi bien écrit, on ne peut que s’incliner, même si on n’aime guère les armures, surtout quand elles sont aussi moches. Pas vraiment la faute de Land et Eaglesham qui signent chacun un numéro, et dont le travail reste très appréciable. Vivement la suite.

Guardians of the Galaxy (vol 3) : Brian Michael Bendis/Steve McNiven/Sara Pichelli

Voilà un épisode paradoxal. Il y a beaucoup d’éléments, mais concrètement il ne se passe pas grand chose. On commence avec de la parlote (ça reste du Bendis) et une nouvelle scène du conseil intergalactique. On enchaîne avec du blast dans tous les sens avec une très belle séquence de fuite menée à fond les ballons par nos Gardiens. Alors pourquoi ça n’avance pas ? Parce nous n’avons qu’une redite de ce qui était suggérée aux numéros précédents. On sent que le roi de Spartax joue un double jeu, et la répétition dans cet épisode n’apporte pas le petit plus qui accroche l’intérêt du lecteur. Attention, l’épisode reste de très bonne facture. Bendis est en forme, ses dialogues sont incisifs, l’action s’enchaîne toujours très bien. Le seul bémol que j’émettrais concerne l’humour. Bendis a un léger tic d’écriture dès lors qu’il est en charge d’une équipe. Il lui faut le personnage fonction pour faire des blagues de merde. Toujours. Chez les Avengers, c’est généralement Spidey ou Stark, chez les X-Men c’est Bobby qui a le rôle. Et là, ça ne manque pas, il faut que Stark vanne de manière lourdingue les aliens. Ce n’est pas de haute volée, et donc superflu. On en apprécie d’autant plus les piques sarcastiques balancées par Rocket Racoon qui, elles, font mouche. Par contre pour les dessins, c’est la fête. Le duo McNiven/Pichelli (l’Italienne va récupérer la série) est au top. C’est très dynamique, très beau aussi. Indéniablement un des points forts de la série.

Fantastic Four (vol) #5-6 : Matt Fraction/André Araujo/Mark Bagley

Tie-in Age of Ultron. Typiquement l’épisode purge inhérent à l’exercice du tie-in. Le numéro condense toutes les choses que je déteste dans les comics mainstream. La première est la manière dont la série colle à l’event. Je ne vois pas comment une rupture pourrait être aussi abrupte. C’est comme si Marvel s’était rendu compte au dernier moment qu'Age of Ultron devait coller un minimum à la continuité et qu’il fallait donc justifier l’implication des différentes équipes. Voilà la fonction principale de ce numéro. Et il faut voir comment le Fraction règle la chose. Un petit coup de téléphone transtemporel, et en avant Guingamp. Cette capacité à traiter par-dessus la jambe la dimension spatio-temporelle (qui est pourtant l’enjeu numéro un du titre) est assez explicite sur le fait que Fraction en a rien à cirer soit de sa série soit de Age of Ultron. Mais le feu d’artifice du je-m’en-foutisme advient avec les messages d’adieu balancés par les FF. On commence avec Johnny et le numéro du « de toute façon la mort ne veut rien dire. A plus. Lol ». Fraction se paie littéralement notre tronche en prenant au premier degré un des grands sujets implicites du comics, à savoir la relativité de la mort. Que l’on soit dans l’autodérision, je veux bien, mais la scène requiert une implication émotionnelle assez forte de la part du lecteur, ce que Fraction torpille avec cette ligne de dialogue. Et le fond on le touche avec la confession de Ben sur l’éclosion de Fatalis. Concernant les relations entre les FF et Fatalis, c’est peut-être LE secret le plus brûlant. Vous vous rendez compte que le lâcher à deux gamins par hologramme interposé a autant d’impact que si la Chose leur avait refilé la liste des courses.Vous allez me dire que le tie-in apporte quelque chose d’important à l’event, mais non, pas du tout. Il doit manquer quelque chose quelque part, parce l’épisode se termine en queue de poisson, laissant le soin à Bendis de recoller lui-même les morceaux. Et miracle, au #6, tout le monde est de retour. Autant dire qu’on n’insulte pas mon intelligence plus longtemps, et que j’ai vite refermé la revue.

Bilan de la revue : je ne vais pas parler des FF, dont il faut vite que Fraction se débarrasse pour le bien de tout le monde. Par contre, Iron Man et les GOG s’en tirent une nouvelle fois avec les honneurs.



UNCANNY AVENGERS 6


Uncanny Avengers #6 : Rick Remender/Daniel Acuna

Ce n’est pas le meilleur épisode de la série. Plusieurs éléments me posent problème ou me font grincer des dents sur la manière dont Remender poursuit son arc. La principale tient à la mort d’un Céleste (décidément à l’honneur ce mois-ci) en début d’épisode, sur fond de lutte de succession Apocalypsienne. Je ne savais pas qu’un simple coup de hache, aussi magique fût-elle, pouvait mettre à mal une divinité cosmique, et cela m’a chiffonné tout au long de ma lecture. Ensuite, il y a le côté redondant des dissensions au sein des Uncanny. La guêpe l’admet elle-même, on se croirait à la maternelle, mais c’est moins le duo Wanda/Malicia qui est à blâmer que la plume de l’écrivain. Le récit avance néanmoins, et la menace se précise avec une très belle scène de destruction spatiale. Remender continue de tripoter ses anciens joujoux avec un certain bonheur et l’on est en droit d’être optimiste sur la suite. Aux dessins, Acuna nous a habitués à beaucoup mieux. Certes, son trip très fifties est appréciable, mais le manque de détail, les moues parfois trop figées ne sont pas dignes de ce qu’il a pu produire récemment, notamment avec Remender sur Uncanny X-Force. Reste de belles compositions de planches, en particulier les deux dernières de l’épisode, dont la symbolique provoque son petit effet.

Avengers Arena #6 : Denis Hopeless/Kev Walker

Voilà un numéro sauvé par son final. Sans parler de l’image puissante qu’il nous jette à la figure, il nous permet d’apprécier à posteriori toute la construction de l’épisode. On comprend via la même technique  d’assemblages de flashbacks et dissensions dans le Murder World, comment en on arrive à ça. C’est le sous-univers de l’académie Braddock qui est à l’honneur, et ce numéro a le mérite de régler un certain nombre de tensions mise en avant au précédent épisode. Manifestement Arcade est aux anges, et nous assure que le jeu est relancé. Ce n’est pas trop tôt, parce que jusqu’ici c’était plutôt mou et lent. Bref, heureusement que le final épice le tout. Kev Walker est par contre en grande forme et plus ça va, plus j’ai l’impression qu’il s’améliore. C’est vous dire si c’est beau.

A+X 5 : Plein de gens.

Zzzzzzzzz ….. (baille) …. Zzzzzzzzzzz.

Bilan de la revue : Pas le meilleur mois pour le magazine. La faute à des numéros dans le creux de leurs arcs respectifs. Le passage obligé pour retrouver, espérons-le, des épisodes plus consistants les mois prochains.


AGE OF ULTRON 3


Ultron AU #1 : Kathryn Immonen/Amilcar Pinna

Et encore un tie-in. Centré sur les Fugitifs et plus particulièrement sur le personnage de Victor Mancha (et je vous conseille fortement la postface de Dorian Mendez si vous êtes perdus, très claire et instructive). Etant donné que le bougre n’est autre que le fils d’Ultron himself, on peut comprendre ce qu’il vient faire dans cette galère. L’histoire manie encore le post-apo auprès de cette communauté d’ados paumés, tandis que Victor est empêtré dans ses interrogations identitaires (suis-je méchant, suis-je gentil, suis-je un robot ou un humain). Pour être tout à fait honnête, l’épisode est quelconque. Je suis passé totalement à côté de l’émotion sensée se dégager de ce huis clos. Il faut dire que l’écriture d’Immonen n’est pas exceptionnelle, du moins pas assez pour rendre à nouveau intéressante une thématique archi rebattue. En plus, les dessins d’Amilcar Pinna ne sont pas vraiment les plus fins qui soient. Ce n’est pas laid, mais c’est assez quelconque, à l’image du script.

Age of Ultron #5 : Brian Michael Bendis/Bryan Hitch

Nous arrivons à mi-parcours dans l’event. Si vous avez suivi jusqu’ici, vous savez que les différents groupes de héros se sont regroupés dans la Terre Sauvage pour échafauder une contre-attaque efficace contre Ultron. Si vous êtes des vieux routiers des crossovers, vous savez que le premier ralentissement dans le flot narratif est un virage à ne pas rater. Il faut évidemment amorcer les prochaines phases du récit en présentant de manière convaincante les pistes de résolution de l’event. A mon avis, on tient là une transition en demi-teinte. La première raison est liée à des choix douteux de la part de Bendis. Le divin chauve nous ressort le vieux débat « et si tu remontais dans le passé, qu’est-ce que tu changerais ? ». Vous la sentez venir la quenelle spatio-temporelle ? Bingo ! Puisque Ultron attaque du futur, alors nos héros agiront dans le passé. Sans trop dévoiler le script, je trouve que Bendis s’est planté sur la caractérisation de Wolverine en vieux grincheux qui veut buter tout le monde. On verra comment ça va évoluer, mais là j’avoue être un peu refroidi. En revanche on peut applaudir l’écrivain pour l’introduction d’un protagoniste essentiel. Age of Ultron signe le retour au premier plan du cador des coups fourrés, que dis-je, du maestro du plan au poil de cul,  en la personne du seul et unique Nick Fury. Lui sait quoi faire et comment le faire. Bendis retrouve alors sa plume incisive au détour de quelques répliques bad ass lâchées par cette vieille trogne. J’accorde une mention spéciale à la séquence "matin de Noël", particulièrement jouissive avec son cachet très série B et qui fonctionne à mort à cet instant du récit. Bref, merci Papy Fury, la poudre va enfin parler. Quelques mots pour parler de Bryan Hitch. Le script en tant que tel ne lui permet pas de donner sa pleine mesure, mais cela reste de grande qualité. J’aime beaucoup ses visages et son Fury est vraiment enthousiasmant. Je vous laisse aussi la surprise d’une dernière page qui revisite un des thèmes classiques des covers de comics et qui envoie du pâté. C’est très testostéroné, mais bon, c’est pas Mon Petit Poney ce qu’il illustre.


Bilan de la revue : Avec son tie-in un peu plat, et son épisode tout en dialogues, ce n’est pas la revue qui va vous convaincre d’acheter les deux précédentes si vous avez pris le train en route. A ce stade, soit vous avez été conquis et de toute façon vous allez lâcher les euros, soit vous avez quitté Age of Ultron. La pression monte pour Bendis qui doit assurer la deuxième partie de son event. A priori il a tous les éléments pour nous satisfaire… mais aussi pour tout foirer. 

jeudi 14 novembre 2013

Panini Comics (Novembre 2013) : Avengers 5 et Avengers Universe 5

Allez, on revient ce mois-ci avec de nouveaux bilans comics. Comme à notre habitude, place aux séries Avengers. 


AVENGERS 5


Avengers (vol 5) #9-10 : Jonathan Hickman/Dustin Weaver/Mike Deodato

Deux épisodes typiquement Hickmaniens ouvrent le magazine. On retrouve en effet tous les ingrédients caractéristiques de sa plume : il brode avec ses nouvelles créations, recoupe les éléments qu’il avait posé dans les premiers numéros (les fameux sites de contanimation) et fournit un certain nombre de scènes d’action plutôt bien composées. On est cependant en droit de pinailler. Les numéros sont en soi de bonne qualité, du moins on les lit bien. Mais le rythme hickmanien reprend ses droits : on n’avance guère et on rajoute une bonne dose de mystères. L’épisode 10 est symptomatique de la chose : on commence sur les chapeaux de roue avec une mission en péril superbement narrée, et on conclut sur des secrets inavouables autour d’un personnage de l’Omega Flight tout en suggérant des dissensions entre le Shield et les Avengers. Bref, du bon cliffangher en soi, mais à force d’avoir le même genre de surenchères numéro après numéro, on commence à fatiguer. On sent qu’Hickman a envie de composer quelque chose d’épique, de titanesque pour ses Avengers, mais attention à la chute (au propre comme au figuré). Un mot sur les dessins. Je suis toujours aussi peu convaincu par le trait de Dustin Weaver. Des visages (heum !) pas tip top, un côté Romita Jr pour le manque de détail. Du coup on s’émerveille devant les planches de Mike Deodato qui prend la relève. Bon le bougre n’a pas forcément besoin de ce contraste pour apparaître plus talentueux qu’il ne l’est déjà. En tout cas moi je suis chaque fois aux anges quand je goûte son travail. Une pure merveille.

New Avengers (vol 3) #5 : Jonathan Hickman/Steve Epting

Je ne sais pas si c’est la faim ou Hickman qui m’a fait bailler pendant tout l’épisode. Autant dire que je n’ai pas été transcendé par ce nouvel épisode, une première il me semble depuis le relaunch du titre. Ici, c’est très bavard mais trop perché pour mon goût. Hickman veut créer de nouvelles cosmogonies pour Marvel, mais n’est pas Kirby ou Ditko qui veut, et son développement autour du mulitvers et de ses sortes de Parques cosmiques est assez mal foutu. Et puis le récit n’avance pas, mais vraiment pas. Ah si, les héros ont maintenant un bidule pour détecter les incursions multiversiques, et comme par hasard le hasard, la prochaine a lieu en Latvérie. Ils ont vraiment pas de cul ces Avengers. Au dessin, Epting est irréprochable, c’est toujours ça de pris.

Secret Avengers (vol 2) #5 : Nick Spencer/Luke Ross

La lecture « foutage du gueule » du magazine. Et ça commence fort avec un dialogue entre Hawkeye et Black Widow. C’est flemmard avec cette répétition presque indécente du background (et ouais les soldats du Shield tu leur dis de pas bouger, ils bougent pas, si ça c’est pas de la discipline …). Mais en plus c’est lourd avec un débat moral vieux comme Stan Lee (si tu tues t’es méchant/Ouais mais quand on tue les méchants ben tu restes gentil), qui aurait pu être expédié en deux coups de cuillère à pot mais qui vient polluer la moitié de l’épisode. Il y a quand même de l’action genre Tom Clancy avec une mission d’espionnage qui foire et un gros cliff à la Ian Flemming (ahahah j’étais pas mort). Cela amusera les amateurs, pas moi, d’autant que je ne me remets toujours pas du coup de la directrice du Shield qui avait 19 ans. Enfin, là encore, les amateurs apprécieront, pas moi. Aux dessins, Luke Ross fait ce qu’il sait faire. Les amateurs, blablabla.

Young Avengers (vol 2) #5 : Kieron Gillen/Jamie McKelvie/Mike Norton

L’instant fraîcheur par Kieron Gillen. Un grand moment de comics réjouissant. La série est montée crescendo pour se conclure dans un final qui remplit toutes ses promesses. C’est parfaitement rythmé, les dialogues sont percutants et drôles (Gillen est un génie avec Loki), l’action se muscle au moment adéquat. On apprécie a posteriori ce premier arc comme une brillante introduction sur la reconstitution d’une team (dissoute après Children’s Crusade si je ne m’abuse), la réaffirmation de l’héroïsme chez certains et, bien sûr, sur les nouveaux protagonistes qui vont composer la team. Bref, longue vie à ces Young Avengers dont l’avenir est on ne plus radieux. Les dessins sont au niveau de l’écriture. A force de voir le boulot de la paire McKelvie/Norton on s’habitue à ce trait (une sorte de Steve Dillon du riche). C’est dynamique quand il le faut, et j’accorderai une mention spéciale aux moues des personnages qui épicent les effets humoristiques de l’écriture.

Bilan de la revue : C’est certainement pas le meilleur mois de la revue Avengers. Loin de là. On pouvait s’y attendre avec Hickman qui a parfois besoin d’étirer ses récits. Ce qui serait un avantage en recueil est par contre rébarbatif à la lecture périodique. Reste Gillen et ses Young Avengers qui volent la vedette à leurs aînés.

AVENGERS UNIVERSE 5


Avengers Assemble #14 : Al Ewing/Jackson Guice

Tie-in Age of Ultron. Pour l’occasion DeCommick cède la place à Al Ewing (qu’il me semble découvrir) et ce n’est pas plus mal. Pour ceux qui vont découvrir l’exercice du tie-in (et vous en avez de la chance) vous allez vite comprendre quelles sont les contraintes qui le cadrent. Si je devais être mauvaise langue, je dirais que vous allez avoir droit au mieux à du brassage efficace et relativement vain, au pire, des purges illisibles parce que l’on a forcé un scénariste à interrompre son propre récit pour coller à l’event du moment. Clairement ce numéro se place dans la première catégorie. Je m’interroge sur les velléités artistiques qui sous-tendent ce tie-in et je vois bien Marvel expliquer à l’ami Ewing « Bon, écoute, il faut capitaliser sur Age of Ultron. Au début on savait pas trop quoi foutre avec, mais en fait le chauve est plutôt en forme. Donc tu oublies Avengers Assemble, tu te fiches de la continuité, et tu me ponds un truc sur Ultron. T’as deux jours ». Et c’est ce que fait l’écrivain. Unité de personnage (Black Widow), Unité de lieu (San Francisco) et Unité de temps (l’attaque d’Ultron), Ewing connaît ses codes et déroule un récit sympatoche. Le numéro entend saisir tout le chaos provoqué à l’instant T du Judgement Day. Cela n’est pas exceptionnel, c’est plutôt convenu et prévisible mais c’est honnêtement réalisé tout en comblant un des trous de l’event (mais comment Black Widow est en venue à collaborer avec Moon Knight). Aux dessins, ce n’est pas vilain. C’est en-deçà de ce que faisaient les prédécesseurs de Guice, mais cela reste dans la norme. A noter tout de même une dernière page très comics dans l’esprit, et qui fait son effet. 

Thor God of Thunder #5 : Jason Aaron/Esad Ribic

On continue avec le chef d’œuvre de Jason Aaron. C’est toujours la même rengaine, mais est-ce de ma faute si l’écrivain enchaîne les épisodes réussis les uns après les autres ? Dans le numéro du jour, on avance piano ma sano. Aaron étoffe sa cosmogonie, et on voit que le bonhomme est bien plus à l’aise avec la mythologie que ne l’est Hickman. Il faut dire que le polythéisme remanié est bien moins casse-gueule que le scientifico-métaphysique, et que les références mythiques sont plutôt bien réinterprétées. Rassurez-vous, cela reste du Thor, et l’action est toujours aussi divine et épique. Tout ce beau monde se poutre allègrement dans le passé, le présent et le futur. Aaron démêle d’ailleurs sa pelote temporelle en organisant la rencontre entre deux Thor. Les voies de l’écrivain sont encore impénétrables, mais l’avenir reste réjouissant. Ribic est encore au sommet de sa forme et c’est un régal permanent pour les mirettes.

Indestructible Hulk #5 : Mark Waid/Leinil Francis Yu

J’avoue être un fanboy primaire de Hulk. Etre un fanboy irrécupérable c’est souvent vivre sa lecture dans un ascenseur émotionnel. Vous êtes en permanence balloté entre le « Waouou c’est génial » et le « C’est de la merde, Brûler X (auteur de la chose) ». Depuis le début j’adhère au projet de Waid sur son Hulk, et même si je suis sûr que certains ne manqueront pas de souligner le classicisme de l’épisode du jour, je dois admettre que « Waouou c’est génial ». Et pourtant j’admets volontiers que Waid ne prend pas trop de risques avec son arc. Cela reste du gentil atlante contre méchant atlante, avec le gentil Hulk qui vient aider les gentils atlantes. Ajoutez le fait que Hulk emballe la « non-humaine mais non moins attrayante donzelle de la civilisation mise en avant», que Banner apporte son explication scientifico-foireuse (on m’avait jamais fait le coup de l’alchimie quantique, tellement new-age dans la formulation), et du bon gros bourrinage made in gamma, et tadam, voilà le #5. Mais cela fonctionne à mort. On glisse plus que l’on ne lit, porté par le courant narratif d’un Waid qui sait parfaitement rythmer son récit. Bref, ça parle quand on a besoin que ça parle, c’est assez drôle (la blague sur Pym m’a fait sourire, quel taunter ce Banner), et ça tape quand ça doit taper (je vous recommande l’étranglement par gosier interposé, ça aussi c’est de l’inédit pour moi). Il faut dire aussi que Waid est accompagné d’un Yu stratosphérique. Bon, ok là il dessine de l’aquatique, mais il le fait tellement bien… Je me suis surpris à rêver d’un Aquaman par Johns avec le Leinil au pinceau. Cela n’arrivera jamais (soupir déçu), mais c’est vous dire à quel point c’est beau.

                                                                                                                                                                    Captain America (vol 7) #4 : Rick Remender/John Romita Jr

Remender lâche de plus en plus de billes dans son Captain et c’est ce qu’il fallait faire. Rompre avec autant de brutalité avec l’univers de Brubaker impliquait selon moi aussi de ne pas trop nous noyer dans la dimension Z. L’univers est tellement en décalage avec la Terre (une sorte de trip horrifico-SF) qu’il fallait tout de même rebâtir des ponts entre les deux. Jusqu’ici les flashbacks faisaient office de liens, mais cette fois, Remender dévoile les grandes lignes du plan de retour, mais aussi les enjeux réels de son arc (autres que le pur survivalisme). Nous en apprenons beaucoup plus sur l’ombre menaçante de Zola, et sur les relations entre ce même Zola et le couple Rogers/Ian. Comme souvent chez Remender, l’écriture est très convaincante : la relation filiale, la pureté et l’innocence de l’enfance, l’humour aussi. Les flashbacks sont toujours aussi réussis, bref un très bon moment de lecture. Je n’ai pas envie d’être trop redondant sur Romita Jr. C’est toujours aussi peu détaillé, mais très dynamique avec une colorisation à mon avis à côté de la plaque.

Fearless Defenders #4 : Cullen Bunn/Will Slinney

Ah ce pauvre Cullen Bunn et son casting féminin dont il ne sait pas trop quoi faire. La série est indéniablement sympathique (c'est toujours ça...), mais tellement anecdotique. Un détail dans le numéro est révélateur avec cette case « les méchants ». Un trait d’humour certes, de l’autodérision d’accord. Sauf que c’est au lecteur, à nous les habitués de faire cette pirouette dans nos têtes. L’auteur torpille ses propres codes et nous invite à prendre au second degré ce qu’il nous expose. Et bien pas de problème Cullen, c’est ce que l’on va faire. Attention spoiler inutile : la série ne va faire long feu, mais fallait-il sans étonner ?

Bilan : Trois séries solo au top, un tie-in honnête et … Fearless Defenders. Pas de doute, nous sommes bien dans Avengers Universe. Indispensable, comme d’habitude.